En attendant l’arrivée d’autres compagnies pour assurer les agriculteurs, la Mamda reste en situation de monopole. Saham vient de faire marche arrière sur fond de polémique politico-médiatique.
Le monopole de fait dont jouit la Mamda dans le secteur agricole va encore durer. Et pour cause ! Saham, qui allait briser ce monopole, vient de se rétracter. Après avoir signé, le 20 janvier, une convention avec le département de l’Agriculture et celui de l’Economie et des finances, et après avoir même annoncé, dès le lendemain de cette signature, la mise sur le marché de «Taemine Al Mahssoul», une couverture multirisque climatique dédiée aux agriculteurs, la compagnie a décidé d’en suspendre l’application jusqu’à l’adhésion d’autres opérateurs du secteur.
La décision de Saham fait suite à la polémique suscitée au Parlement et dans les médias à propos de la convention signée avec cette compagnie d’assurance dont le ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy est l’un des actionnaires. Certains y ont vu un conflit d’intérêt, voire un délit d’initié et d’autres du favoritisme… Le ministre concerné s’en défend en ne voyant dans cette polémique qu’une tempête dans un verre d’eau. En tout cas, pour Saham, il s’agit bien d’une suspension «Taemine Al Mahssoul»et non d’annulation, puisque rien n’empêche l’assureur, conventionné, de mettre son produit sur le marché, libre, de l’assurance agricole. Rien n’empêche non plus d’autres assureurs d’en faire de même.
C’est ce qu’a expliqué le ministère de l’Agriculture dans un communiqué, diffusé le 23 janvier, où il explique que la nouvelle offre d’assurance au profit des agriculteurs n’était pas l’exclusivité de Saham Assurance et que tout opérateur qui le désirait pouvait y prendre part par le biais d’une convention.
Le département d’Akhannouch a adressé une lettre, dans ce sens, à la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR) qui lui a vite répondu. Cette organisation professionnelle souligne dans sa réponse que «l’expérience accumulée par la Mamda, en matière de couverture des risques climatiques depuis 2011, le succès qui s’en est suivi, et la demande de ces produits qui ne cesse de progresser de la part des agriculteurs (plus d’un million d’hectares couverts à fin 2015) ont été sans aucun doute les éléments déclencheurs de la signature d’une convention similaire avec Saham Assurance et de la volonté clairement affichée du gouvernement d’en faire de même avec d’autres acteurs qui le souhaiteraient».
La FMSAR a également annoncé que d’autres acteurs vont manifester, dans les plus brefs délais, leur volonté de signer avec le ministère de l’Agriculture des conventions similaires. Passée la polémique, une concurrence salutaire pourrait s’instaurer dans le segment agricole qui était pendant longtemps boudé.